Contexte
En Afrique de l’Ouest, face à la croissance rapide des villes et à une demande accrue de la part des consommateurs urbains et ruraux, les systèmes alimentaires fondés sur l’agriculture familiale renforcent déjà dans nombre d’endroits la capacité d’un pays ou d’une région à nourrir ses populations par la production locale, la transformation, la distribution, notamment au travers de circuits courts efficients. C’est son effet amplificateur qui est à soutenir.
Ainsi, les organisations paysannes et les ONG ouest-africaines doivent, avec leurs partenaires de coopération, relever un quadruple défi :
- garantir la disponibilité d’aliments sains produits localement ;
- assurer un revenu digne aux paysannes et aux paysans, ainsi qu’aux autres acteurs des filières et des systèmes alimentaires locaux ;
- répondre aux exigences de gestion durable des ressources naturelles ;
- influencer les politiques publiques tant au niveau national qu’international.
Le programme Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest (Pafao) est porté conjointement, depuis 2009, par la Fondation de France et le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI). Il bénéficie d’une contribution de la Fondation JM.Bruneau (abritée à la Fondation de France) et de l’Agence française de développement (AFD). Le programme Jafowa participe au volet capitalisation du programme. Le Réseau des organisations paysannes et de producteurs d’Afrique de l’Ouest (Roppa) est membre du comité d’orientation et de suivi.
Le programme soutient ou a soutenu plus de 300 initiatives depuis 2009 sur la base d’un appel à projets « général » et de 4 appels Coup de pouce (en 2015, 2016, 2017, 2020 et 2022).
Objectifs
L’objectif général du programme Pafao vise à :
- promouvoir des initiatives locales permettant de renforcer l’accès à une alimentation saine et de qualité, produite par une agriculture familiale ouest-africaine viable et durable et transformée dans le pays ou dans la sous-région, tout en assurant une répartition équitable de la valeur ajoutée sur les chaînes de valeur (c’est le présent appel à projets) ;
- capitaliser (produire de la connaissance) pour tirer des enseignements utiles au-delà des projets, pour les organisations et pour les acteurs de plaidoyer. L’enjeu est de contribuer à une documentation de la soutenabilité de ce modèle agricole et alimentaire susceptible d’interpeller les décideurs pour une prise en compte de ces enjeux dans les politiques publiques ;
- soutenir la construction de stratégies de changement d’échelle afin que les initiatives réussies ne restent pas marginales mais occupent plus d’espace économique.
Dans un contexte de compétition avec les importations, cela revient à soutenir le « consommer local », compris comme « la consommation locale et nationale des produits des agricultures familiales ouest-africaines ».
En s’alliant avec le Roppa (acteur majeur de plaidoyer) et en permettant l’éligibilité des projets de plaidoyer, le programme articule une démarche plutôt économique avec des projets menés au niveau des territoires et des filières avec une démarche d’influence sur l’environnement politique et législatif au niveau national et régional afin qu’il soit plus favorable à l’agriculture familiale durable.
Les objectifs spécifiques sont :
- améliorer et sécuriser la production, la transformation, la conservation et la commercialisation de produits agricoles et en assurer l’accès aux consommateurs urbains et ruraux, notamment aux consommateurs pauvres,
- partager entre acteurs locaux, nationaux et internationaux, les connaissances acquises à travers les actions concrètes soutenues dans le cadre du programme, et en tirer des enseignements globaux,
- produire des documents et argumentaires utiles aux acteurs assurant une veille et une interpellation politique.
Qui peut répondre ?
Cet appel à projet est ouvert aux personnes morales sans but lucratif :
- aux organisations paysannes (OP) d’Afrique de l’Ouest ;
- aux ONG d’appui actives en Afrique de l’Ouest ou en Europe dans la mesure où elles agissent avec des partenaires locaux ;
- aux organismes de recherche et/ou de formation.
Les collectivités territoriales ne peuvent pas être porteurs du projet mais peuvent être partenaire principal.
Important : l’appel est réservé à des propositions d’actions en partenariat formalisé entre une organisation ouest-africaine et une organisation européenne. L’organisation porteuse peut être ouest-africaine ou européenne.
Quelles sont les actions recevables ?
Le programme soutient des projets qui prennent en compte l’une et l’autre des deux thématiques suivantes :
- renforcer la consommation des produits locaux de qualité issus de l’agriculture familiale durable au sein des marchés ruraux et urbains – de grande consommation ou institutionnels / promouvoir le « Consommer local » : Comment l’agriculture familiale durable et locale peut-elle approvisionner les marchés domestiques et nourrir les villes – grandes et moyennes – et les agglomérations rurales ? Comment peut-elle concurrencer les produits importés et conquérir des parts de marchés urbains et ruraux ? Comment favoriser le « consommer local » face au « tout manger importé » ? Comment la population rurale peut-elle vivre correctement d’une activité agricole familiale ? Comment productrices et producteurs, transformatrices et transformateurs, commerçantes et commerçants, consommatrices et consommateurs peuvent-ils s’organiser, individuellement et ensemble, pour améliorer les réponses aux besoins des uns et des autres et bénéficier d’une meilleure répartition de valeur ajoutée ?
- développer des pratiques d’agriculture durable / des systèmes alimentaires durables : Comment l’agriculture familiale peut-elle s’adapter au changement climatique et se préparer aux éventuelles crises ? Comment peut-elle contribuer à la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité, que ce soit dans ses phases de production, de transformation ou de commercialisation ? Comment garantir la diversification des productions ainsi que la variété et la qualité nutritionnelles des produits locaux ? Comment développer une agriculture durable qui permette de répondre au défi de nourrir les villes et les zones rurales, aujourd’hui et à l’horizon 2050 ?
L’appel 2023 cible exclusivement les initiatives qui répondent à l’une (ou plusieurs) de ces 3 questions :
- comment la mise en marché des produits locaux peut-elle être rémunératrice pour les paysannes, les paysans et les autres acteurs des filières, au-delà des marchés de niche, et vectrice d’une alimentation de qualité produite et transformée dans le pays ou la sous-région ?
- comment les produits locaux issus de l’agriculture familiale paysanne peuvent-ils accéder de façon pérenne aux marchés institutionnels ?
- comment faire des consommateurs ouest-africains, et leurs organisations, des acteurs à part entière de la consommation massive des produits locaux sains ?
Les projets visant majoritairement l’acquisition d’équipements ou d’intrants ne seront pas financés par ce programme.
Qui peut répondre ?
Cet appel à projet est ouvert aux personnes morales sans but lucratif :
- aux organisations paysannes (OP) d’Afrique de l’Ouest ;
- aux ONG d’appui actives en Afrique de l’Ouest ou en Europe dans la mesure où elles agissent avec des partenaires locaux ;
- aux organismes de recherche et/ou de formation.
Important : l’appel est réservé à des propositions d’actions en partenariat formalisé entre une organisation ouest-africaine et une organisation européenne. L’organisation porteuse peut être ouest-africaine ou européenne.
Quels sont les critères de sélection ?
Après avoir vérifié que le projet répond bien à au moins une des 3 questions 2023, le comité de présélection se prononcera au regard des critères suivants :
- la recevabilité administrative ;
- l’éligibilité des porteurs, des partenaires et du projet ;
- la pertinence de la proposition pour tester ou renforcer des mécanismes qui visent à permettre aux produits d’une agriculture familiale durable d’accéder – tout en permettant une rémunération juste et équitable des acteurs des filières – aux marchés de grande consommation, urbains et ruraux, ou aux achats institutionnels ou qui visent à faire des consommateurs, et de leurs organisations, des acteurs à part entière de la consommation de masse de produits locaux sains ;
- la précision de la problématique, avec une approche systémique de la généralisation de la consommation des produits locaux ou de l’accès aux achats institutionnels ou du travail pour impliquer les consommateurs ;
- la prise en compte d’expériences antérieures ou de l’action d’autres acteurs sur le même sujet et/ou sur le même territoire ;
- la faisabilité : adéquation du budget et du planning, cohérence entre l’objectif général, les objectifs spécifiques, les activités projetées, les résultats attendus et les indicateurs de ces mêmes résultats, cohérence du budget estimatif et du montage financier, etc. ;
- la prise en compte du changement d’échelle des initiatives
Quelles sont les modalités de soutien ?
Afin d’inciter les demandeurs à développer des partenariats diversifiés, notamment locaux, le programme Pafao ne financera pas l’intégralité d’un projet (maximum 80 %). Les plans de financement mentionneront les autres partenaires financiers sollicités et/ou acquis, ainsi que la part d’autofinancement prévue.
Deux types d’initiatives seront soutenus :
- des projets de courte durée (un an), pour un montant accordé de 10 000 à 18 000 euros ;
- des projets pluriannuels (maximum trois ans), pour un montant, sur l’ensemble de la période, d’un maximum de 60 000 euros pour trois ans (versés par tranche annuelle au vu de l’avancement du projet).
Les projets financés peuvent être des volets bien spécifiques de programmes plus vastes, en cours ou nouveaux. Ils peuvent avoir démarré avant le dépôt du dossier mais seules les dépenses postérieures au 1er janvier 2023 seront financées par le programme et présentées dans le budget joint à la demande de subvention. Les actions financées doivent démarrer avant le 31 décembre 2023.
Comment répondre ?
Le dossier, complété en français ou en anglais, est à envoyer par mail uniquement à l’adresse suivante : secr.aea@cfsi.asso.fr (fichier Word, accompagné du fichier Excel pour les budgets et des annexes demandées). L’envoi se fera en plusieurs mails dont chacun aura un poids maximum de 8 Mo.
La date limite de réception du dossier par mail est fixée au mardi 25 avril 2023.
Les dossiers seront instruits par le secrétariat du programme assuré par le CFSI.
Toute question relative à cet appel à projets, et restée sans réponse après une lecture attentive des lignes directrices, peut être posée par mail uniquement à : secr.aea@cfsi.asso.fr
Le comité d’experts
Le comité d’experts qui évaluera les projets est composé de spécialistes et/ou acteurs de la coopération internationale.
Président :
José TISSIER
Ingénieur agronome, ex-adjoint au chef de division « agriculture développement rural et biodiversité » au sein de l’AFD à Paris.
Membres
Elisabeth BARBIER
Ancienne Ministre plénipotentiaire hors-classe, Conseillère diplomatique du Gouvernement
Sophie BESSIS
Historienne et journaliste, ex-rédactrice en chef de l’hebdo Jeune Afrique
Chercheuse associée à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) de Paris2 et secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).
Olivier BRUYERON
Président de Coordination SUD.
Responsable des partenariats et des projets innovants du Gret (et ancien directeur) / Représentant légal du Gret dans l’institution de microfinance birmane Thitsar Ooyin.
Président du conseil d’administration de l’entreprise sociale malgache Nutri’zaza.
Hubert COCHET
Professeur à AgroParisTech – Département des Sciences Economiques, Sociales et de Gestion – U.F.R Agriculture comparée et développement agricole.
Inga WACHSMANN
Chargée des Politiques et pratiques de migrations et d’intégration en France et en Europe, des Espaces démocratiques et civiques en France et en Europe, et de la Transition juste à Porticus France.
Ex-responsable de programmes à la fondation Charles Léopold Mayer.